chronique du mille pattes 2 : de l’eau, encore de l’eau..
Tiens, il y a quelques jours, j’ai eu les pattes dans l’eau en descendant dans notre cave prendre une bouteille de bière. Et cette eau ne provenait pas d’une fuite de nos robinets. Elle remonte par le puisard ! C’est une nappe phréatique d’altitude qui se crée quand il pleut trop vite, trop fort. Et pourtant nous sommes en hauteur, bien plus haut que nos malheureux voisins d’Haut-Ittre qui avaient été envahis par les eaux descendues des collines qui les entourent. Ce jour-là, le 29 juillet 2014, nous avions pour la première fois souffert du même phénomène : 12 cm d’eau venu d’en-bas. Et j’entends autour de moi que ce genre de mésaventure n’est pas un cas isolé. La terre n’absorbe plus, au fur et à mesure de la pluie, la quantité d’eau qui s’y déverse. Certains, à la campagne, se voient entourés de marais temporaires. D’autres, en ville, découvrent que dans leur quartier la nappe phréatique permanente n’est plus profonde que de 60 cm de leur bâti.
On prenait pour des Cassandres ceux qui s’inquiétaient de l’imperméabilisation des sols de type urbain (plus de routes, de chemins, de parkings goudronnés) et celle de type rural (tassement des terres par le passage de machines agricoles de plus en plus lourdes, remplacement d’un couvert végétal respirant et permanent par des surfaces nues et lissées après récolte). Cette imperméabilisation transforme des pluies orageuses ou prolongées en mini-évènements climatiques localisés mais répétitifs. Autrement dit, le bouleversement climatique est marqué par des évènements graves et médiatisés qui se rapprochent de nous – les inondations du sud de la France, inondations ou tornades dans telle ou telle commune de Belgique – mais en plus il y a, du fait de l’activité humaine, une fragilisation rampante de notre cadre de vie, et d’habitat.
On plante des arbres solides pour la génération suivante, on plante une maison ou un immeuble aussi pour les générations à venir. Verrons-nous un jour des glissements de terrains rompre la solidité apparente de demeures que l’on compte bien transmettre à nos petits-enfants ?