Pour le climat, ça bouge, même au tribunal !
Le Soir du 4 février nous fait découvrir l’association flamande Klimazaak (site bilingue lactionpourleclimat.be) qui a suivi l’idée originale d’une association néerlandaise d’assigner l’Etat (en Belgique l’Etat fédéral et les régions) pour « non-respect de ses engagements et défaut de prévoyance » en matière de prévention des conséquences du changement climatique. La constitution belge consacre le « droit à un environnement sain ».
Or, on dispose désormais d’une quantité de rapports scientifiques, et surtout de la dernière série de rapports du GIEC qui ne laisse plus planer de doutes sur les conséquences catastrophiques qu’entrainerait une élévation de la température de 2°C ou plus. L’union européenne s’est dotée, ainsi que chaque Etat-membre, de cibles de réduction des émissions de gaz à effet de serre, mais les mesures de mise en œuvre ne suivent pas.
Nos amis du Nord du pays ont donc lancé une procédure judiciaire audacieuse en commençant par une mise en demeure des autorités concernées le 1er décembre 2014. Dans leur communiqué de presse,, ils se disent « inquiets car, d’après la science, un réchauffement de 4°C est à craindre avant la fin de ce siècle. Nous savons que la Belgique et les autres pays ont admis dans le contexte des Nations Unies qu’un réchauffement de deux degrés entraînerait des violations des droits de l’homme au niveau mondial et que des écosystèmes dont l’homme et la nature sont dépendants, seraient affectés.
Les fondateurs soulignent qu’en l’absence de mesures sérieuses et adéquates pour répondre au problème, des centaines de millions de personnes seront touchées par des sinistres climatologiques à la fin de ce siècle. Pour éviter ce scénario, la Belgique aussi doit s’imposer des objectifs compensatoires plus ambitieux.
Serge de Gheldere: «Nous demandons que les autorités belges joignent le geste à la parole pouraccélérer les changements durables en Belgique, afin que les prochaines générations aussi puissent vivre dans une Belgique sure et prospère.» L’asbl Klimaatzaak demande donc aux différentes autorités belges de prendre toutes les mesures nécessaires pour que nous puissions contribuer à l’objectif degarder le réchauffement planétaire en-dessous de cette barre fatidique de 2°C. Pour la Belgique, cela signifie une réduction de 15% des émissions entre 2005 et 2020. Or les dernières projections montrent une réduction de seulement 3,8 à 4,4% ! La mise en demeure a été envoyée par recommandé le 1er décembre 2014 aux autorités flamande, wallonne, bruxelloise et fédérale et peut être consultée à l’adresse www.klimaatzaak.be. »
Klimazaak fait un parallèle justifié avec le dossier de l’amiante, quand dès le début des années 60 des études scientifiques en démontraient le danger pour les personnes exposées, à commencer par les ouvriers. Les entreprises, leurs lobbies et des gouvernements complaisants ont fait la sourde oreille. 20 ans plus tard, les cancers liés à l’exposition à l’asbeste sont devenus réalité. Condamnations judiciaires et interdiction de l’usage des produits ont enfin été prononcés et mis en œuvre. Il n’est pas acceptable qu’une myopie du même type, portant sur des problèmes infiniment plus graves et dont la probabilité atteint les 95% (dernier rapport du GIEC) se reproduise.
« Parce que le temps des adieux n’est pas encore venu. Parce que nous tenons à préserver le futur de nos enfants, de notre environnement et de notre économie. Parce qu’en tant que société, nous ne pouvons plus continuer ainsi, l’asbl Klimaatzaak a envoyé, le 1er décembre dernier, une mise en demeure, à l’état belge et les trois régions. »
”Notre motivation prend ses racines dans l’amour que nous avons pour notre pays, pour les belges et pour nos enfants. C’est comme un litige du cœur.”
Notre cœur de grands-parents vibre à l’unisson. Affaire à suivre…
Jean Michel Corre