La Politique Agricole Wallonne : une occasion à saisir pour reconnecter l’agriculteur et le consommateur
La nouvelle PAC wallonne est en discussion en ce moment à Namur et les enjeux sont importants pour les agriculteurs bio qui ont besoin de nouvelles perspectives économiques et pour le consommateur qui souhaite une alimentation saine et locale. Il y va aussi de la préservation de la nature, de la biodiversité, de la restitution de terrains capables d’absorber l’eau et de la réduction des gaz à effet de serre agricoles.
C’est pourquoi GPC soutient la carte blanche de l’UNAB (Union Nationale des Agrobiologistes Belges) et d’ ImPAACte, une coalition de 5 associations environnementales, Nature et Progrès, Natagora, Inter-Environnement Wallonie, Greenpeace Belgique et WWF-Belgique qui souhaitent contribuer à l’élaboration d’une politique agricole wallonne de la transition.
Carte blanche : C’est l’heure d’avoir du courage politique pour réconcilier agriculteurs, citoyens et nature dans la PAC wallonne
08.12.2021
Message de l’UNAB et d’ImPAACte1 au gouvernement wallon: C’est l’heure de montrer du courage politique pour réconcilier agriculteurs, citoyens, nature et climat dans la future PAC!
Ce jeudi 9 décembre, le gouvernement se réunit pour la deuxième fois pour discuter la déclinaison wallonne de la politique agricole (PAC), dont les grandes lignes doivent être adoptées avant la fin de l’année. Ce plan sera historique – il va courir jusqu’en 2027, il n’y aura donc pas de seconde chance concernant les objectifs environnementaux et sociétaux que la Wallonie s’est fixée pour 2030 dans la DPR. Il n’y aura pas de seconde chance ni pour la nature, ni pour le climat, ni pour les agriculteurs eux-mêmes dans une situation très difficile.
Stop à l’instrumentalisation du revenu agricole
Le revenu des agriculteurs est une question centrale. Or, leur évolution défavorable montre que les soutiens directs (pour l’essentiel des paiements par hectare ou tête de bétail) sont largement inefficaces pour traiter les besoins économiques des agriculteurs et les causes sous-jacentes de la crise du secteur. La menace de statu-quo de la PAC est réelle, et cela n’apportera aucune réponse aux besoins du secteur. C’est pourquoi l’UNAB et ImPAACte dénoncent vigoureusement l’instrumentalisation, par certains partis politiques et syndicats majoritaires, du revenu comme excuse pour maintenir les moyens financiers aux outils existants dans la PAC actuelle. Nous dénonçons également la polarisation actuelle des débats entre enjeux économiques et environnementaux qui contribue à un climat délétère des débats, alors qu’il est vital de se réunir pour trouver ensemble des solutions qui marchent pour les agriculteurs comme pour la société et la planète. Les agriculteurs méritent une vraie réponse à la crise socio-économique et environnementale qu’ils traversent, et les politiques doivent l’assumer !
Pour une politique agricole et alimentaire de la transition écologique
L’UNAB et ImPAACte présentent ici un front uni d’agriculteurs et de société civile qui demande une réforme résolument engagée en faveur de la transition vers des systèmes alimentaires résilients, sains et durables. En premier lieu, le gouvernement devrait investir massivement dans les filières alimentaires qui reconnectent agriculteurs et consommateurs, en s’inscrivant dans la stratégie européenne De la Ferme à la Table. Les outils politiques à disposition sont nombreux et sous-utilisés : politique économique et commerciale, politique fiscale, aides sectorielles du premier et du second pilier de la PAC… Point de salut pour les agriculteurs sans autonomie retrouvée : non seulement il faut relier les agriculteurs à des marchés rémunérateurs, mais il faut aussi les reconnecter aux écosystèmes pour qu’ils puissent remplacer des achats alimentaires et chimiques onéreux par des services rendus par la nature. Le gouvernement doit résolument prendre le parti de booster la demande pour des produits locaux et sains et durables afin d’offrir de nouvelles perspectives économiques aux agriculteurs.
En route vers l’agriculture biologique
L’argent public de la PAC doit servir à préparer l’agriculture de demain. Il doit rémunérer, en particulier via les écorégimes, les agriculteurs engagés dans une transition écologique, ou ceux qui l’ont déjà faite et qui nous rendent à tous des services indispensables pour protéger la nature, les sols, notre or bleu qui est l’eau, et la santé de nos concitoyens, comme c’est le cas notamment de l’agriculture biologique. A l’heure actuelle, nous attendons toujours une action concrète du gouvernement pour honorer la Déclaration de Politique Régionale et mettre en route le secteur vers 30% de bio en 2030! En tout état de cause, il est inconcevable que l’argent de la PAC continue à maintenir sous perfusion une agriculture en déficit, et à subsidier des produits qui ont un impact très négatif sur l’environnement et la santé publique.
Rebattre les cartes budgétaires pour préparer l’agriculture de demain
Car c’est bien sur les enjeux budgétaires que les partis politiques et les décideurs sont attendus au tournant cette semaine et la suivante. L’UNAB et ImPAACte, parties prenantes de l’élaboration du plan stratégique PAC wallon, seront particulièrement sensibles aux moyens mis en oeuvre pour mettre à la portée de tous les objectifs de la DPR ainsi que ceux du Green Deal, et demandent concrètement au gouvernement :
– de redistribuer plus équitablement les aides, pour cesser d’alimenter la course à l’agrandissement des exploitations et le démantèlement des paysages
– d’attribuer aux écorégimes 30% du premier pilier en 2023 en augmentation jusqu’à 40% en 2027, afin de permettre à un maximum d’agriculteurs d’entrer dans la transition et tout en planifiant un impact environnemental fort. On ne doit plus faire de mauvais compromis entre attractivité pour les agriculteurs et pertinence environnementale, il faut un budget suffisant à la transition !
– des moyens suffisants pour atteindre 30% d’agriculture biologique d’ici 2030, tant par des mesures qui soutiennent l’offre que la demande, le conseil, la recherche et surtout la promotion des produits. Les petits maraîchers bio doivent désormais être soutenus, ainsi que les légumineuses dans les rotations longues, clé de la réussite agronomique en agriculture biologique
– une enveloppe pour atteindre 10% de maillage écologique en cultures et 15% en prairies en 2027, afin d’enrayer le déclin de la biodiversité et de faciliter la transition agroécologique des fermes,
– un soutien accru à l’élevage qui est lié à l’herbe, en mettant fin à la dérogation belge qui permet actuellement de dépasser les niveaux réglementaires d’aide couplée au bétail sans aucun lien aux prairies en Wallonie, et en remplaçant et surpassant cette aide par des écorégimes qui soutiennent les prairies permanentes gérées durablement par nos éleveurs
– Un objectif climatique en matière de réduction de gaz à effet de serre du secteur agricole intégré dans le plan stratégique PAC
Signataires: Emmanuelle Beguin (Natagora), Dominique Jacques (UNAB), Monica Schuster (WWF), Marc Fichers (Nature et Progrès), Sébastien Snoeck (Greenpeace Belgium), Julie Van Damme (Inter-Environnement Wallonie) CategoriesDernières Nouvelles