Changer de modèle… de tourisme ! 

Un article de Philippe de Briey

Si je vous demande : êtes-vous d’accord que l’humanité se trouve devant un immense défi climatique planétaire ?  Vous répondrez sûrement oui, bien sûr.

Et pourtant, si vous recevez, comme moi tout récemment, dans une revue, une proposition de voyage (à Chypre par exemple) de 15 jours pour le prix incroyable de 249 euros, ne serez-vous pas tenté-e, même si vous savez qu’il vous en coûtera bien plus en réalité ? « C’est enfin à nouveau possible ! » est-il ajouté…

Ainsi va souvent la publicité, tentatrice trompeuse, d’ailleurs largement subsidiée avec nos propres impôts !… ([1]).  Ce qu’on a bien soin de ne pas dire, c’est que ce voyage « de rêve » est à presque 3000 km… et que donc un aller-retour (6.000 km) émet au minimum 1.710 kg de CO2, ce qui équivaut à 30.000 km en voiture. De quoi y réfléchir à deux fois, n’est-ce pas ? Faut-il vraiment aller si loin pour avoir de belles vacances ? Ne sommes-nous pas parfois comme les passagers de 1ère classe du Titanic qui ne se rendaient compte de rien pendant que la catastrophe était en cours ? N’est-il pas grand temps de changer de modèle … de bonheur ?

Auparavant, on ne savait pas, mais aujourd’hui on sait… que les catastrophes qui nous attendent seront terribles. Les inondations de 2021 en Wallonie, les sècheresses et feux de forêt devraient nous convaincre de renoncer à un certain type de voyage. Car il y a déjà tellement de belles plages et de choses intéressantes à visiter, rien qu’en Belgique et en France, et plus largement en Europe. ([2])

Mon intention n’est pas de condamner tous les déplacements en avion, bien sûr, mais de contribuer à une prise de conscience des enjeux réels d’habitudes de tourisme qui se sont installées progressivement dans nos sociétés riches. Je reconnais avoir moi-même voyagé souvent en avion pour nos vacances, et notamment à Chypre. C’était au temps de notre ignorance sur les conséquences sur le climat. Aujourd’hui, nous allons en Ardenne ou à la côte belge ou française, et sans aucune frustration. Car, pour connaître et admirer le reste du monde, il y a tellement d’émissions remarquables et de photos magnifiques dont nos parents ne disposaient pas. Pensons aussi à tous les peuples où règne la misère et qui sont les premières victimes d’un climat que nous-mêmes, les enfants gâtés du monde, avons déréglé.

Aussi longtemps que les avions seront tellement nuisibles au climat, ne faut-il pas les limiter autant que possible ? C’est un combat à mener, d’en convaincre nos proches et au-delà, et si possible avec des jeunes. 

Ceci est une version retravaillée d’un article paru dans le journal « Dimanche » du 26 juin et sur mon blog https://reli-infos.be sous le titre « Un voyage de rêve ? ».


[1]  Ces subsides indirects aux frais de la publicité, outre qu’ils favorisent les riches entreprises multinationales au détriment des autres, sont un obstacle majeur à la transition écologique, car ces pubs qui nous envahissent du matin au soir nous poussent à acheter, consommer, en dehors de toute considération pour l’avenir de la planète. Autant d’argent qui pourrait servir plutôt à promouvoir des modes de vie plus responsables.

[2] Et si on peut y aller en train (ou voiture) plutôt qu’en avion, ce serait encore mieux. « Le train émet 80 fois moins de CO2 que l’avion » (Plus Magazine, juillet-août 2022, p. 70. L’article signale le développement des trains-couchettes). Chaque voyage en train ou en avion promeut ce mode de transport.

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