Chronique du mille-pattes 7. De toutes part (de toutes pattes) on s’inquiète !
Il est temps. Depuis le 5° rapport du GIEC, depuis l’accélération des bouleversements climatiques visibles aux quatre coins du monde (combien de mille-pattes sont morts noyés dans les ouragans, brûlés dans les feux de forêt…), il est clair que nous sommes entrés dans « l’anthropocène », l’ère d’immoralité où l’homme détruit de plus en plus vite les ressources nécessaires à sa survie sur une terre qui fut aimable et complice. Et pourtant, le sujet du jour est la relance, encore la relance du même développement mortifère censé créer de l’emploi et de la richesse. Oui, demain, des îlots de richesse protégée, au milieu de zones tour à tour désertiques ou envahies par les eaux ? Est-ce avec une belle hypocrisie que se tiendra la conférence de Paris fin 2015 sur le climat ? Toujours des mots, encore des mots…
C’est donc de toutes mes pattes que j’applaudis l’initiative du journal Spirou (voir nouvelles ailleurs sur le site) de faire le point (inquiétant) de la situation de l’écologie terrestre et du manque de détermination des humains à changer leur mode de vie. Quelques jours avant, le Vatican a annoncé la tenue d’une conférence le 28 avril, sous ses auspices, « Protéger la Terre, rendre sa dignité à l’humanité : les dimensions morales du changement climatique et du développement durable », qui sera suivie par la publication d’une encyclique sur les mêmes sujets. Au-delà de constatations et d’un vocabulaire digne d’un Al Gore ou d’un Hubert Reeves, le Pape François, après le Damaï-Lama et plusieurs grandes voix bouddhiques, a mis dans plusieurs déclarations la sauvegarde de la planète et la préservation du climat au niveau d’une obligation morale et d’une solidarité avec les pauvres qui pâtissent les premiers de la dégradation actuelle. Je me promets de lire cette encyclique avant de la grignoter !
Mais ce n’est pas gagné d’avance. En tapant de mes mille pattes sur mon clavier, j’ai trouvé de « bons » catholiques qui s’inquiètent de ce que la planète (notre Pacha-mama à tous) devienne une valeur en soi, et non pas simplement un instrument au service de l’homme (on en voit pourtant les résultats !). Pire, j’ai lu les réactions, manifestement issues des USA, d’énergumènes furieux, qui se veulent catholiques, donc participants d’une certaine morale, et qui fustigent ce pape marxiste, retors, jésuite, qui veut porter atteinte à leur mode de vie au nom de prétentions scientifiques non-prouvées.
Bien triste tout cela. Nous, les petites bêtes qui vivons au ras du sol ou dans les arbres, nous souffrons, et nous voyons, dans bien des pays, les humains souffrir. Je crois que je vais lancer l’idée chez mes congénères chenilles processionnaires de faire une chaîne de Rome à Paris, d’avril à décembre. A vélo, à cheval ou à pattes, mobilisation générale contre les négationnistes et pour sauver le vivant !