Les GPC belges, suisses et français ainsi que les GvK s’adressent à leurs représentants à la Cop26

A Madame Zakia Khattabi,  Ministre fédérale du Climat

Madame la Ministre,

En 2021, se tiendront deux conférences des Nations unies d’une importance cruciale pour toute la génération de nos petits-enfants :  la CoP 15 pour la Biodiversité, du 11 au 24 octobre, à Kunming (Chine) et la CoP 26 du 1er au 12 novembre 2021 à Glasgow, au Royaume Uni, sur les changements climatiques. 

Les différentes associations de Grands-parents pour le Climat au nombre desquelles nous figurons, sont profondément préoccupées par l’insuffisance des résultats atteints jusqu’à présent par les « Conférences des Parties », malgré les sombres perspectives en cas d’échec.

Nous rappelons qu’à nos yeux la sécurité de tous nos petits-enfants et leur droit à une planète durable constituent le plus grand devoir moral de l’humanité. Or nous constatons que nos petits-enfants doivent faire face au risque d’un réchauffement climatique incontrôlable dans un monde où pourraient régner la famine, la maladie, des déplacements forcés de populations, des guerres du climat et finalement le désespoir. Alors même que ces risques se sont fortement accrus, les négociations internationales sur le climat piétinent depuis des années. Nous devons impérativement faire preuve de solidarité entre les générations et placer l’intérêt de la jeune génération en tête des agendas politiques nationaux et internationaux.

La menace climatique doit être traitée en cohérence avec celle de la perte de biodiversité. Il s’agit de penser ensemble ces deux défis, comme le rappelle un rapport commun des scientifiques de l’IPBES et du GIEC.  

Dans un rapport publié le 26 novembre 2019, le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) prévenait qu’à moins que les émissions mondiales de gaz à effet de serre ne diminuent de 7,6 % chaque année entre 2020 et 2030, le monde manquera l’occasion de se mettre sur la voie de l’objectif de limitation du réchauffement à 1,5° C prévu par l’Accord de Paris.

Afin d’accroître les chances d’atteindre cet objectif ambitieux, nous demandons aux négociateurs de la CoP 26  d’adopter trois  mesures qui sont à nos yeux indispensables.

1  Comptabilisation des émissions de GES auxquels les Etats se réfèrent lorsqu’ils formulent leurs engagements nationaux.

Certains observateurs ont été surpris d’apprendre le 12 décembre 2020 que la Chine se voyait dans l’impossibilité de commencer à réduire ses émissions de CO2 avant 2030 et n’estimait pas pouvoir atteindre la neutralité carbone avant 2060, soit avec un retard de 10 ans sur le calendrier établi à Paris. Cette situation embarrassante de la Chine découle de ce qu’une part importante des réductions des émissions de GES des pays occidentaux est obtenue par la délocalisation de productions fortement émettrices vers la Chine et d’autres pays à faibles émissions. 

Or pour atteindre les objectifs fixés en 2015 à Paris, il est essentiel que chaque pays réduise les émissions de GES liées au train de vie, c’est-à-dire à la consommation, de ses habitants. Ces émissions incluent celles qui sont nécessaires à la production des biens importés.

Il est donc indispensable que les engagements pris et les résultats obtenus par les différents pays se réfèrent aux émissions de GES induites par le niveau de consommation de ses habitants, qu’elles soient générées sur son territoire ou sur le territoire de ses fournisseurs. Il faudrait donc, en accord avec les dispositions de l’art. 7 §2 al. d) et 12 §1 al. a) de la Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques de 1992, que soit exigé des pays participants qu’ils établissent et publient ces données, sans quoi le succès du plan de la CCNUCC serait gravement compromis.

Il s’agit d’intégrer dans la comptabilité carbone les émissions de GES liées à la consommation de biens produits à l’étranger mais consommés dans le pays, et en définir des objectifs de réduction, parallèlement aux objectifs climatiques territoriaux. La politique concernant les importations doit contribuer à l’atteinte d’une décarbonation au niveau mondial d’ici 2050.

2  Fixer un prix unique du carbone au niveau mondial et désigner pour ce faire une autorité indépendante 

Le Fonds monétaire international (FMI), ainsi que des économistes éminents plaident pour le recours à une taxe carbone dans le but de lutter efficacement contre le réchauffement. Les accords conclus sous l’égide de la CCNUCC ne prévoient pas un tel dispositif. Toutefois les Etats sont libres d’y recourir s’ils le souhaitent. Or, si un nombre important de pays l’adopte, son efficacité sera accrue dès le moment où sera fixé pour cette taxe un taux unique au niveau mondial. 

Il faudrait donc qu’à la CoP 26 soit désignée une autorité indépendante – par exemple le PNUE – qui serait déclarée compétente pour fixer, au niveau mondial, un prix de référence unique du carbone.

3  Intégrer le budget d’émission restant au niveau mondial (défini dans les rapports du GIEC) plus explicitement dans la négociation, fixer un budget carbone pour chaque pays et exiger le respect d’objectifs annuels de réduction.

Nous sommes profondément choqués par la contradiction entre les discours sur le climat et les actes d’appropriation des ressources fossiles dans les parties les plus fragiles du globe. 

L’Agence internationale de l’Energie estime qu’il faut aujourd’hui cesser d’extraire des carburants fossiles, pour répondre aux objectifs de Paris.

La Déclaration de Lofoten affirme qu’il est de la responsabilité urgente et de l’obligation morale des riches producteurs de combustibles fossiles de mettre fin au développement des combustibles fossiles et de gérer le déclin de la production existante.

Tous les Etats parties de la CoP 26 doivent s’engager à abandonner rapidement l’extraction de combustibles fossiles en fonction d’un budget carbone global réparti équitablement. Il s’agit en particulier de protéger les zones polaires, là où les atteintes à la biodiversité sont irréparables. Chaque Etat devrait aussi vérifier que les organismes financiers ne financent plus les investissements dans l’énergie fossile.

Confiants que vous saurez agir dans un sens favorable aux intérêts de la jeune génération, nous vous prions de croire, Madame , Messieurs les Ministres, en l’expression de notre considération distinguée.

Pour le mouvement belge,                             

Thérèse Snoy                                                                                          Bernard Hubeau

Grands Parents pour le Climat                                                            Grootouders Voor het Klimaat

Pour Grands Parents pour le Climat France        Pour Grands-parents pour le climat/Klimagrosseltern CH**

Estelle le Touzé                                                                          Laurence Martin                  Michel Stevens


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