8° Chronique du Mille-pattes: halte aux chenilles processionnaires
Tout d’abord merci à tous ceux d’entre vous qui se sont inquiété de mon silence ! J’étais fort occupé sur le terrain. D’accord, un mille-pattes, ça touche toujours le sol. Je veux dire le terrain de l’action !
Je comprends que pour une fois les bonnes nouvelles (l’appel des prix Nobel, l’encyclique laudato sí, les intentions d’Obama en matière de centrales au charbon et autres pollutions) aient capté votre attention. Ce n’est pas tous les jours que les bonnes causes reçoivent autant d’appui.
Mais moi, pas intello pour un sou (vous me connaissez), j’étais sur le terrain, en France, pour essayer de négocier avec mes presque congénères les chenilles processionnaires, qu’elles n’entrent pas dans Paris (vous vous souvenez « les loups sont entrés dans Paris » chanté par Serge Reggiani ?). Bernique, échec total. Mais mon vieux m’ont-elles dit, nous suivons tout simplement le réchauffement climatique, et comme les braves bourgeois plantent dans le Nord de beaux pins, sapins et cèdres dont nous raffolons des aiguilles, pourquoi est-ce qu’on se gênerait ? Ah la la. Mais c’est que moi, j’aime bien les hommes et les chiens ! Or, ces chenilles possèdent au troisième stade larvaire 600 000 poils urticants qui sont projetés en l’air à la moindre agression. Leur très fort caractère urticant peut provoquer d’importantes réactions allergiques (mains, cou, visage) mais aussi des troubles oculaires ou respiratoires. Les atteintes à l’œil peuvent avoir d’importantes conséquences si les poils ne sont pas rapidement enlevés. Et si les chiens se lèchent après irritation, leur langue se nécrose – la mort, quoi ! Et Il est même dangereux de manipuler un nid même vide. Vous vous rendez compte ? Mais c’est presque de l’assassinat ! Et le comble, c’est que les humains préparent leur contre-offensive. Il s’agirait de multiplier la présence de mésanges, coucous ou huppes fasciées qui peuvent se repaître chaque jour de centaines de larves de ces vilaines bêtes. Mais c’est que ces gentils oiseaux aiment aussi mes larves à moi !
Cri d’alarme : les mille-pattes sont une espèce en danger d’extinction, à mettre sur la liste A[i] de la CITES. On va exterminer ma famille et mes amis ! À cause de ces s… de chenilles processionnaires !
Une seule solution : arrêter le changement climatique, et puis, attention de ne pas planter n’importe quelle espèce des conifères dans vos jardins, gens du Nord !
Bon, là-dessus, je retourne dans un pays froid. Poutine m’invite en Nouvelle-Zemble. Da zvidania !
[i] Convention Internationale sur les Espèces en voie d’extinction