L’urbanisme de demain

Nous vous proposons ici un résumé du Midi du Climat du 6 mai 2021 portant sur “Comment reconstruire nos villes et villages, garder de la place pour la nature, offrir des logements et des lieux publics accessibles à tous, et tout cela avec « zéro émissions » ?”

Leo Van Broeck a secoué nos schémas mentaux sur la maison idéale, pour nous rendre plus résilients et respectueux des générations futures.

Leo Van Broeck est diplômé de la KUL (1981), où il est actif depuis 1995 comme assistant puis dès 2006 comme professeur d’architecture et d’urbanisme. En 1997, il fonda l’asbl  Stad en Architectuur, et dix ans plus tard le bureau Bogdan & Van Broeck, qui s’oriente fort vers la recherche et se distingue par un engagement social actif.

                                            Synthèse de l’exposé

Nous nous excusons pour la qualité des images et graphiques, leur mode de récolte et de transfert a nécessité des manipulations dommageables à leur qualité.

Léo Van Broeck nous secoue d’emblée par ces mots : « Le malentendu du siècle est de se focaliser sur le réchauffement climatique alors que le problème majeur est l’écroulement des écosystèmes lié à la destruction des  surfaces terrestres par notre occupation. L’usage des surfaces de la terre, voilà ce qui est criminel ». Les hommes occupent 70% de la surface fertile de la planète, ce qui induit une chute dramatique de la biodiversité.

Tout ce que nous faisons a un impact non seulement climatique mais aussi spatial. Par exemple, la production des agrumes à Alméria occupe 450 km2 de serres, et 70% des terres fertiles d’Afrique du Sud sont occupés par l’élevage des bovins.

Le poids global des animaux vertébrés dans la nature est occupé en grande majorité par les animaux domestiques (65 %), ensuite par les humains (32%), les animaux sauvages ne représentent que 3 %.

Il en va de même pour les surfaces de terre sauvage. Autrement dit, la nature est déjà morte nous dit Léo VB. Car, en outre, la rareté des espèces sauvages animales ou végétales les fragilise par manque de régénération génétique et une plus grande sensibilité aux maladies.

Nous sommes de trop, nous utilisons trop de surface et nous sommes trop accros à la croissance. Si tout le monde vivait comme un européen d’aujourd’hui qui aurait  réduit drastiquement ses émissions de CO2, nous ne pourrions pas être plus 3 milliards et demi sur terre.

Eduardo O. Wilson nous dit : il faut rendre la moitié de la terre à la nature. L’Europe a pour ambition de consacrer 30% de son territoire (terres et mers) à la nature. C’est trop peu mais c’est un bon début. En réalité en Belgique, les réserves naturelles occupent un peu plus de 2% en Flandre, 0,7 % en Wallonie (car les forêts sont exploitées). Il faudrait donc changer la destination de 400 à 500 milles hectares de terrain en Belgique.

Heureusement nous dit Léo VB, la couche terrestre a, comme notre peau, la faculté de guérir, se réparer, il faut lui en laisser le temps, lui en donner l’occasion.

Des solutions ?

  • Arrêter de produire de trop. Vendre des services plutôt que des objets. Par exemple la machine à laver peut rester la propriété du producteur et être « louée ». Ceci encourage la production de machines de qualités.

  • Recentrer l’habitat sur les centres urbains, éviter sa dispersion en milieu suburbain, trop énergivore en termes de transport, de voiries, d’isolation… Or nous sommes à environ 34 % d’occupation du terrain par de l’habitat en Flandre, un peu moins en Wallonie, un record européen. De ce fait nous battons des records aussi en termes de frais de voiture et d’embouteillage. Et la pollution de l’air est telle que le milieu rural est touché lui aussi. Nos maisons, plus grandes en moyenne qu’ailleurs en Europe, sont aussi plus énergivores. Etonnamment, c’est aussi en campagne que le taux de Covid a été le plus élevé. Car ce qui joue, c’est la densité de personnes dans la maison, la chaleur, les habitudes de se toucher, plus que la densité de population de la région.
  • Accepter de construire des tours, même à la campagne, de penser un habitat de hauteurs différentes dans un espace donné afin de réduire l’espace occupé et limiter la quantité d’ombre portée. Les émissions carbonées varient  beaucoup par unité d’habitation selon le type d’habitation.
  • Transformer notre patrimoine architectural en bâtiments adaptés à la vie d’aujourd’hui : une église devient une piscine ; un hangar, une tour d’appartements…. Les exemples abondent à Madrid, Londres, Grâce, Berlin…En Belgique c’est plus difficile en raison des choix de la commission royale des monuments et sites.
  • Aller vers la construction de villages verticaux, avec des cours intérieures, des trottoirs qui montent les étages, des jardins suspendus, des salles collectives, des terrasses, une vue, des baies vitrées…
  • Ré-ensauvager les parcs et jardins en ville, mais aussi les zones agricoles intensives à transformer en agriculture respectueuse de la nature, rouvrir les rivières enfouies et ensauvager les berges, garder les marécages, concentrer les maisons pour rendre le terrain à la nature
  • Promouvoir les habitats groupés, si possibles dans des anciens bâtiments réhabilités, le « co-living » et aussi des espaces intérieurs modulables en bureau ou logement selon l’heure de la journée ou selon la période.

L’exposé de Léo Van Broek a été suivi de débats intéressants et très riches aussi en déconstruction de nos a priori et perspectives innovantes, comme le droit de construction pour les « fugitifs urbanistiques », soit ceux qui habitent au milieu de nulle part et qui décident de démolir cette maison, ou d’abandonner leur terrain,  pour revenir habiter dans un lieu plus propice. Il a aussi été question de dissocier la propriété du terrain de celle de la maison, revaloriser le fait de louer plutôt que de se « bloquer » dans une propriété, modifier certaines taxes ou lois…

Le chantier est vaste et commence sans doute par quelques changements de nos mentalités.

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