Notre société manipulée par des affirmations tendancieuses quant à l’urgence climatique ?

Décryptage de quelques affirmations courantes, rencontrées notamment lors d’une conférence intitulée “Zéro carbone, à quel prix ?” présentée à La Maison de la laïcité (le 24/09/21 à Ottignies-LLN et le 19/05/22 à Hamme-Mille), au CEPULB-Université Inter-Âges de l’ULB (le 24/02/22), au BRUXELLES ROYAL YACHT CLUB (printemps 2022), au Lions Club de Wavre (le 10/10/23), etc. par :

  • John VAN de VIJVER, ingénieur civil (ULB 1969) spécialisé dans l’utilisation rationnelle de l’énergie et les énergies renouvelables, administrateur délégué honoraire de Détang S.A.,
  • Pascal PIROTTE, électronicien (INRACI 1988), Laboratoire de Physique Expérimentale Thermique et de la Matière Molle de l’ULB
  • et Jean-Paul WIERTZ , gradué en kinésithérapie (Institut Supérieur de Kinésithérapie de l’Etat 1967) et ex-maître de stages en kiné  à l’ULB-ISEPK (1976-1992 et 1996-1998) avec le titre de collaborateur scientifique.

Au sommaire :

1. Maintenir notre modèle économique à tout prix pour protéger notre mode de vie occidental ?

2. Le mouvement pour le climat, fruit d’une « idéologie réchauffiste »  ?

3. Plus la production de CO2 par habitant est élevée, plus l’espérance de vie est élevée et moins la société est inégalitaire. La corrélation serait frappante ?

4. Préserver les ressources d’énergies fossiles pour répondre aux besoins croissants en énergie ?

5. Les émissions humaines de CO2 ne représentent qu’une infime fraction de l’ensemble du CO2 relâché annuellement dans l’atmosphère. L’influence humaine sur le climat ne serait donc qu’une théorie qui ne tient pas la route ?

6. L’Europe ne représente que 10 % des émissions anthropiques. Cette maigre contribution ne justifierait pas une altération de notre mode de vie. Il faudrait donc accepter un peu plus de gaz à effet de serre (et donc un peu de réchauffement climatique) ?

7. Les transports sont montrés du doigt comme étant responsables de l’augmentation des gaz à effet de serre et de la pollution de notre atmosphère. Est-ce pertinent alors que d’énormes progrès ont été réalisés avec pour effet de diminuer la consommation de carburant et de réduire les sources de pollution ?

8. Pour autant que soit soustraite la notion d’urgence climatique, pour répondre à nos besoins énergétiques en polluant moins, des solutions existent, grâce au gaz et au nucléaire, non ?

9. Les chercheurs de haut niveau qui ne souscrivent pas aux idéologies réchauffistes manqueraient de financement ?

10. Notre société serait-elle de plus en plus manipulée par des affirmations tendancieuses quant à l’urgence climatique ? Tout cela afin de combattre ce danger présenté comme absolu nommé CO2 anthropique, quitte à compromettre l’équilibre socio-économique mondial ?

Au cours des années, le message des climato-critiques a évolué : « il n’y a pas de changement », ensuite « ce n’est pas nous », puis « ce n’est pas si grave », et enfin « les technologies vont nous aider » ou encore « le coût d’une réduction des émissions de G.E.S. dus aux combustibles fossiles serait économiquement et socialement inacceptable »[1]. Que diront-ils demain ? Qu’il est trop tard ? On pourrait comparer cette attitude à celle des cigarettiers – créateurs de doutes pendant des dizaines d’années – qui est aujourd’hui reconnue comme criminelle par les juridictions américaines.

Quelle est exactement la thèse que les auteurs tentent de faire adopter ? Noyée dans une longue suite d’affirmations et de considérations diverses, qui semblent au premier abord raisonnables et conformes au sens commun, l’intention des auteurs est, en résumé, de combattre le principe d’une réduction de la consommation des combustibles fossiles (y compris l’uranium) afin de préserver, coûte que coûte, le mode de vie occidental.


[1] C’est oublier que les dommages économiques dus à la poursuite du dérèglement climatique l’emporteraient largement sur la plupart des coûts de la prévention des émissions à court et moyen terme.

1.  Maintenir notre modèle économique à tout prix pour protéger notre mode de vie occidental ?

Un mode de vie « à l’américaine » non négociable, comme l’affirmait G. Bush père.

A quel prix faut-il maintenir notre modèle économique pour protéger ce mode de vie occidental ? Le prix au sens propre, c-à-d le coût faramineux et exorbitant que va représenter la déstabilisation massive de notre environnement, qui se prépare et se manifeste déjà au vu de l’augmentation de la fréquence et de la gravité de certaines catastrophes dites naturelles.

La théorie économique qui sous-tend ce modèle a été, pour l’essentiel, élaborée au XVIIIe, XIXe siècle, à une époque pendant laquelle la Terre abritait une population d’environ 2 milliards d’habitants, où la générosité des ressources naturelles pouvait encore raisonnablement sembler sans limites, et où le potentiel de dilution de nos rejets multiples dans la nature semblait encore ne poser aucun problème.

La croissance économique conventionnelle n’est plus viable dans un monde ‘plein’ où le nombre d’humains a été X par 4, en dépit des efforts désespérés pour l’entretenir avec des interventions financières massives, celles des banques centrales au 1er chef. Elle se base implicitement sur une moitié de l’humanité laissée pour compte, en partie réduite à l’esclavage au service de notre mode de vie alors qu’elle en subit déjà les conséquences désastreuses et vivant dans une extrême sobriété sans quoi la vie sur terre serait déjà infernale pour tous.

Une croissance exponentielle peut-elle durer toujours dans un monde fini ? Comment des scientifiques honnêtes et intègres pourraient-ils l’imaginer un seul instant ? Seul un fou ou un économiste peuvent y croire, répond Kenneth Boulding, un économiste anglo-américain du XXème siècle.

Mais la cupidité de certains de nos frères humains, elle, est sans limites.

Dans les pays riches, la moitié inférieure de la population (en termes de revenus) est déjà en dessous de l’objectif d’empreinte carbone par habitant pour 2030 (aux États-Unis, par exemple), ou très proche de celui-ci (France). [1].

Il s’ensuit que tous les efforts de réduction des émissions doivent être consentis par la moitié la plus aisée de la population, et en particulier par les 5 à 10% les plus riches qui possèdent la majorité des richesses, et de ce fait tirent et poussent les 90% restants à rechercher toujours plus.


[1] Source: le World Inequality Report 2022 (https://wir2022.wid.world/), Chapitre 6 (pages 116 et suivantes),

2. Le mouvement pour le climat, fruit d’une idéologie réchauffiste ?

L’urgence de la crise environnementale ne serait donc pas une constatation scientifique, mais une idéologie, voire un dogme ?

Le problème du CO2 dans l’atmosphère était déjà connu de EXXON en 1968 et de TOTAL en 1971. C’est le même Exxon qui plus tard prendra la tête d’une campagne internationale pour contester la science climatique. Un des lobbies qu’elle financera affirmera alors que le changement climatique créera « un monde plus doux, plus vert et plus prospère » (puisque les végétaux se nourrissent de CO2). Encore de nos jours, un site climato-négationiste, e. a., suggère cela, sous le titre “Le CO2, c’est la vie” : https://www.climato-realistes.fr/co2-gaz-de-vie/ ).

Cette propagande massive a retardé d’au moins 20 ans la prise de conscience de la réalité des dangers pour l’humanité et le vivant dans son ensemble. Elle a semé le doute dans la population et empêché les gouvernements de prendre des mesures à la hauteur de la situation alors que des décideurs comme Reagan et Thatcher l’avaient envisagé dès les années 1980. Les mêmes milieux cherchent à présent à freiner des mesures à la hauteur des défis qui se posent. Non seulement le retard accumulé oblige à prendre des mesures de plus en plus difficiles pour limiter le réchauffement au fur et à mesure que le temps passe, mais il a déjà provoqué des dégâts importants.

Sources : https://www.franceinter.fr/environnement/total-qui-sait-de-longue-date-son-impact-sur-le-climat-a-cherche-a-semer-le-doute-selon-une-etude

et https://www.rtbf.be/info/economie/detail_changements-climatiques-depuis-50-ans-le-groupe-petrolier-total-etait-au-courant-mais-il-a-entretenu-le-doute?id=10863753

Plusieurs institutions nous alertent sur l’urgence climatique : la NASA, le FMI, l’AIE, l’ONU, la Banque Mondiale, le Forum Economique mondial (de Davos), ainsi que la CIA, le FBI, le Pentagone, l’OTAN et même le pape François, avec en 2015 son encyclique Laudato si. Faut-il les ranger dans la catégorie des “promoteurs d’une idéologie réchauffiste” ? Lorsque Jacques Chirac, en 2002 déjà, a prononcé à Johannesburg, son fameux discours “Notre maison brûle et nous regardons ailleurs !”, agissait-il en tant qu’écologiste profond ?

Le 16 novembre 2023, s’est tenu à Charleroi le 25e Congrès des économistes sur le théme “Réussir la transition vers une économie zéro carbone”, soulignant l’urgence d’une accélération des politiques climatiques, tout comme le FMI le signalait déjà en 2021 “Pas encore sur la bonne voie”.

La trajectoire actuelle nous mène vers à un réchauffement de près de 3°C par rapport à la période préindustrielle. Sur cette base, d’ici 2100, petit à petit, nos petits-enfants peuvent s’attendre à ce que 26% des vertébrés, 44% des plantes et 49% des insectes risquent l’extinction. Et à ce que les pays du sud connaissent entre 200 et 300 jours par an des températures (et un niveau d’humidité) au-dessus du seuil mortel pour les humains. Attendront-ils 2100 pour émigrer ?

Source : https://gpclimat.be/2021/10/24/midi-du-climat/

Au cas où nous nous orienterions vers + 4 à + 5°C d’ici 2100, avec une telle augmentation à un rythme aussi rapide, ce serait le chaos, source de migrations massives et de conflits généralisés bien avant 2100. Les démocraties n’y résisteraient pas.

Source : https://gpclimat.be/2021/11/24/comment-resoudre-le-defi-energie-climat-jean-marc-jancovici/

3. Plus la production de CO2 par habitant est élevée, plus l’espérance de vie est élevée ? La corrélation serait frappante. Le CO2 = la (qualité de) vie ?

A l’appui de cette affirmation, un graphique que l’on retrouve sur le site https://www.science-climat-energie.be/2020/04/17/le-co2-cest-la-vie-et-la-qualite-de-vie/ dans un article du professeur S. Furfari[1] (Polytech – ULB) spécialiste des énergies et un des membres du dernier bastion belge des climato-sceptiques, comme nombre d’auteurs sur ce site (entre autres István Markó, Drieu Godefridi, Benoît Rittaud), que l’on retrouve aussi sur le site https://www.contrepoints.org/, appartenant au courant philosophique de droite libéral et libertarien.

Les auteurs confondent corrélation et causalité.  Car dans ce graphique, la variable explicative sous-jacente n’est pas le CO2/habitant, mais bien, in fine, le niveau de richesse (PIB/hab), lié à la consommation d’énergie/hab.

Les graphiques décrivant l’Espérance de vie (ou le niveau de bien-être) en fonction du PIB/habitant ou de l’énergie/hab ont la même allure. Et ce que montrent surtout ces graphiques, c’est qu’au-delà d’un certain niveau (de revenu ou de consommation d’énergie ou… de production de CO2), l’augmentation de l’avantage (espérance de vie ou le bien-être ressenti) est de plus en plus faible.

NB: Cela a déjà été signalé aux auteurs plusieurs fois, et malgré cela, ils s’entêtent à maintenir leur présentation inchangée depuis deux ans.

Si l’on suit les auteurs, alors, afin de réduire les inégalités et accroître l’espérance de vie des Français, il faudrait conseiller à la France de remplacer ses centrales nucléaires par des énergies fossiles…

4. Préserver les ressources d’énergies fossiles pour répondre aux besoins croissants en énergie ?

Vouloir cela, n’est-ce pas négliger le fait que la transition énergétique est essentiellement une réponse à une contrainte physique, l’augmentation du CO2 atmosphérique ? La science nous dit que, dorénavant, les réserves fossiles doivent rester dans le sol. Tant que la quantité actuelle excessive de CO2 dans l’atmosphère et les océans se maintient, chaque litre de carburant fossile brûlé contribue et contribuera à faire monter la température moyenne du globe pour des centaines d’années. Quant aux institutions internationales et aux mouvements écologistes, ils ne font que relayer les constatations et les inquiétudes exprimées par la communauté scientifique dans sa toute grande majorité.

En outre, si on continue à consommer autant (et d’avantage) d’énergie que maintenant, fossile, renouvelable et nucléaire, l’Humanité n’ira-t-elle pas rapidement dans le mur en épuisant nombre de ressources (renouvelables et non-renouvelables), en réduisant la biodiversité et en détruisant les écosystèmes dont elle dépend ?

5. Le CO2 n’apparaît que sous forme de traces dans l’atmosphère (400 ppm = 0,04%) ! De plus, comme les émissions humaines de CO2 ne représentent qu’une infime fraction de l’ensemble du CO2 relâché annuellement dans l’atmosphère (VRAI), l’influence humaine sur le climat serait une théorie qui ne tient pas la route.

L’influence humaine sur le climat, une théorie qui ne tient pas la route ? Vraiment ?

Nous savons tous que le CO2 dans l’atmosphère résulte des échanges de grande ampleur avec plusieurs réservoirs naturels :  la végétation, le sol, l’océan de surface, les microalgues, l’océan profond, etc.

Certes, nos émissions de CO2 ne représentent qu’une petite fraction de ces échanges. Mais vous connaissez sûrement la métaphore de la baignoire qui fuit.

  • la baignoire, c’est le CO2 dans l’atmosphère,
  • le robinet de la baignoire, c’est le CO2 qui est relâché dans l’atmosphère, qu’il soit naturel ou anthropique,
  • la fuite de la baignoire, c’est les échanges avec les réservoirs naturels qui séquestrent le CO2.

Même s’il y a une fuite importante dans la baignoire, quand on ouvre un peu trop fort le robinet, le niveau de l’eau finit par monter petit à petit. En d’autres mots, bien que nos émissions de CO2 soient faibles par rapport aux échanges naturels, elles introduisent un déséquilibre dans les échanges avec ces réservoirs naturels : le robinet est trop ouvert par rapport à la fuite et la baignoire est en train de se remplir petit à petit.

Donc, ce n’est pas parce que les émissions humaines annuelles sont faibles par rapport aux échanges naturels qu’elles n’ont pas une influence sur le climat. En plus, les émissions mondiales de GES augmentent de 1,3 % par an en moyenne, ce qui veut dire, en d’autres mots, que le robinet est de plus en plus ouvert.

Avant la révolution industrielle, la teneur en CO2 dans l’air est restée assez stable pendant des milliers d’années car les quantités de carbone émises et absorbées naturellement restaient à peu près en équilibre. Bien que notre production anthropique annuelle de CO2 soit minuscule comparée aux gigatonnes naturelles de CO2 qui traversent le cycle du carbone chaque année, elle s’accumule parce environ 60 % de ce CO2 supplémentaire n’est pas absorbé, reste dans l’atmosphère et s’accumule sans cesse depuis la révolution industrielle. Cela explique pourquoi le CO2 stocké dans l’atmosphère est à son plus haut niveau depuis 15 à 20 millions d’années. (Un changement naturel de 100 ppm prend normalement 5 000 à 20 000 ans. L’augmentation récente de 100 ppm n’a pris que 120 ans). Actuellement, un tiers du CO2 actuellement stocké dans l’atmosphère est d’origine anthropique.

NB: Cela a déjà été signalé aux auteurs plusieurs fois, et malgré cela, ils s’entêtent à maintenir leur présentation inchangée depuis deux ans.

6. L’Europe ne représente que 10 % des émissions anthropiques. Cette maigre contribution justifierait-elle une altération de notre mode de vie ? Ne faudrait-il accepter un peu plus de gaz à effet de serre (et donc un peu de réchauffement climatique) ?

« L’Europe, seulement 10% des émissions anthropiques »…  Certes, mais avec une population représentant près de 6% de la population mondiale. Et donc avec une production de CO2/habitant supérieure à la moyenne mondiale (7 T au lieu de 5 T), pas très éloignée de celle de la Chine (près de 8 T/hab.).

Source : https://fr.statista.com/infographie/20158/emissions-de-co2-par-habitant-par-pays

En outre, ce qui compte, ce n’est pas seulement les émissions actuelles, c’est surtout les émissions historiques cumulées, c’est-à-dire tout ce qui a été émis par l’Europe depuis la révolution industrielle, et qui s’est accumulé année après année dans l’atmosphère.

Entre 1890 et 2007 (pendant 117 ans), les émissions cumulées des pays de l’Union européenne, Grande-Bretagne comprise, représentent 23 % (près d’un quart), des émissions cumulées mondiales (à titre de comparaison, les USA ont émis 28% et la Chine 9%)[1].

L’Europe a donc une responsabilité historique de 23%, qui est plus du double du chiffre de 10% [2].

Il n’est pas question ici de culpabilité, mais plutôt de reconnaître que le problème est global et que, donc, la solution doit nécessairement être globale.

Si chaque région du monde, voire chaque pays, ramène le problème à sa petite dimension, où allons-nous ?!


[1] World Energy Outlook 2009, Agence Internationale de l‘Energie, cité à la page « Greenhouse gas emissions » sur Wikipedia en Anglais. Voir également l’étude sur la période 1751-2017 réalisée en 2019 par Our World in Data, qui arrive à cette même valeur de 23% pour l’Europe.

[2] Les émissions historiques de l’Europe sont précisément ce qui lui a permis de se doter de ses infrastructures et de sa puissance industrielle et financière. Cet énorme capital acquis à l’occasion de ces émissions du passé devrait lui permettre d’atteindre la neutralité carbone de façon moins douloureuse, alors que d’autres régions plus pauvres n’auront pas les moyens pour le faire sans une aide des pays riches.

7. Les transports sont montrés du doigt comme étant responsables de l’augmentation des gaz à effet de serre et de la pollution de notre atmosphère. Sans doute, mais d’énormes progrès ont été réalisés (conception des moteurs, profilages des véhicules, etc.). Tout cela a eu pour effet, en quelques dizaines d’années, de diminuer de près de 40 % la consommation de carburant [par kilomètre dans le parc automobile] et de réduire les sources de pollution. Les chercheurs (physiciens, ingénieurs) nous permettent de diminuer les émissions nocives générées par notre mode de vie, sans affecter notre niveau de vie.

Effectivement, mais ne convient-il pas d’aborder séparément pollutions de l’air et G.E.S. ?

Côté pollutions de l’air, de grands progrès ont effectivement été réalisés. Ceci dit – toutes sources confondues – elles ont provoqué en silence 374 000 morts prématurées dans l’UE-28 en 2018 (près de 9 400 en Belgique), selon une étude de l’Agence européenne pour l’Environnement, et 659 000 (en 2015) selon des recherches plus récentes. Par contraste, quand quelques terroristes font quelques dizaines de victimes, on entend volontiers “c’est la guerre”…

Sources: https://www.lesoir.be/254016/article/2019-10-16/9380-morts-prematures-dus-la-pollution-de-lair-en-belgique-en-un

et : https://www.futura-sciences.com/sante/actualites/vie-pollution-air-fleau-reduit-plus-esperance-vie-monde-63256/

Côté G.E.S., comme la demande de transport a augmenté, malgré l’amélioration des rendements pour certains types de moteurs, au total, on observe une augmentation de la consommation d’énergie. C’est un “effet rebond” classique. Depuis le début des années 90, en Belgique, le parc de voitures est passé de 4 millions à près de 6 millions d’unités. Et pour l’ensemble des modes de transport – au niveau mondial, entre 1973 et 2007, la quantité de pétrole utilisée a été multipliée par 2,1.

Source : https://jancovici.com/transition-energetique/petrole/a-quoi-nous-sert-ce-fameux-petrole/

Restent les solutions. Il faut revoir la façon de transporter. Davantage de transports collectifs et partagés (transport en commun, covoiturage), transport multimodal (le vélo va plus vite que la voiture en ville), meilleure organisation du transport de marchandises (camions mieux remplis), réduction des déplacements inefficaces de marchandises qui ne font que favoriser l’esclavage moderne en faisant éplucher nos crevettes grises au Maroc ou transformer notre bois en Asie pour ensuite le réimporter en produits finis à bon marché.

8.  Pour autant que soit soustraite la notion d’urgence climatique, pour répondre à nos besoins énergétiques en polluant moins, des solutions existent, non ? D’abord le gaz naturel (le méthane), qui génère moins de CO2 que le pétrole et beaucoup moins que le charbon et dont les réserves peuvent couvrir nos besoins à long terme. Ensuite les centrales nucléaires de 4ème génération (encore à l’étude), qui assureraient une production d’énergie pendant plusieurs millénaires tout en résolvant le problème des déchets. Enfin, la fusion nucléaire pourrait offrir des perspectives inouïes.

Nuances !

Le gaz méthane, oui, en tant que solution intermédiaire : selon un article paru dans la revue  Nature (en 2014) il n’aidera pas à réduire le changement climatique, mais au contraire augmentera la pollution par les gaz à effet de serre de près de 11 %.

Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Gaz_naturel#cite_ref-114

A propos du nucléaire de 4ème génération, il s’agit entre autres du projet de “réacteur du futur”, Myrrha. Selon le Forum pronucléaire ce projet belge d’envergure sera opérationnel vers 2032. Selon d’autres sources, il ne pourrait l’être qu’en 2036.

Sources : https://www.forumnucleaire.be/theme/innovation/myrrha-le-prototype-belge-qui-fascine-le-monde

et : https://fr.wikipedia.org/wiki/MYRRHA#Phase_3_:_construction_du_r%C3%A9acteur

Quant aux expériences françaises de réacteurs de 4ème génération, à ce jour, elles ont toutes avorté : Superphénix, arrêté en 1997 et ASTRID, son successeur, abandonné en 2019 « au moins jusqu’à la deuxième moitié du siècle ».

Source: Fermer le cycle technologique et Les projets de réacteurs nucléaires de 4ème génération

Restent les projets de “PMR” (Petits Réacteurs Nucléaires), la plupart à l’étude. Les pays les plus actifs dans ce domaine sont la Russie, la Chine et les États-Unis. Le gouvernement belge vient de décider un investissement de 100 millions d’euros dans la recherche sur ce type de réacteurs modulaires, tandis que la France va y investir 1 milliard d’euros d’ici 2030. EDF a en vue une entrée sur le marché entre 2035 et 2040, principalement dans un but d’exportation.

Et, enfin, les auteurs mettent tous leurs espoirs dans la fusion nucléaire, grâce au projet ITER: la voie vers « Une énergie inépuisable. ». Hormis la Station spatiale internationale, c’est l’expérience scientifique la plus chère de l’histoire humaine.

Avec la fusion nucléaire, nous assure-t-on, tous les problèmes liés aux vieilles centrales seront surmontés : très peu de combustible, très peu de déchets, aucun risque d’emballement.

En 2001, le projet ITER est planifié pour un début de construction en 2006 pour achèvement en 2016. En 2022, les premiers essais initialement prévus pour 2016 puis pour 2025 (et une pleine puissance dix ans plus tard) sont reportés en 2030. En 2023, trois éléments sont jugés défectueux, ce qui risque d’accroître encore le retard du programme.

Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/ITER#%C3%89tat_d’avancement_du_projet_et_situation_actuelle

En 2000, Iter devait coûter 4,5 milliards d’euros. En 2006, le coût total (construction, fonctionnement et démantèlement) était estimé à 10 milliards d’euros. En 2021, l’Organisation Iter annonçait 22 milliards d’euros « hors coûts de fonctionnement et le démantèlement ». Finalement, en ajoutant les milliards nécessaires à la réalisation des expériences et au traitement d’un volume colossal de déchets de démantèlement, le Département de l’énergie américain estime le coût total d’Iter à 54 milliards d’euros.

Source : https://reporterre.net/Le-futur-reacteur-nucleaire-Iter-un-projet-titanesque-et-energivore

Ceci dit, convient-il de pouvoir compter à terme sur une énergie propre et infinie ? Dans ce cas, l’humanité ne va-t-elle pas ravager totalement les ressources de la Terre ? Ne devons-nous pas accepter ses limites, ses contraintes ? Et donc aller vers plus de sobriété ?

9. Les chercheurs de haut niveau qui ne souscrivent pas aux idéologies réchauffistes manqueraient-ils de financement ?

Le soleil, les nuages, le vent, la pluie, n’obéissent à aucune idéologie, mais à des lois naturelles qui sont exprimées sous formes de relations mathématiques dans des modèles climatiques. Le réchauffement global du climat n’est pas une “idéologie réchauffiste”, mais un constat scientifique.

Manque de financement ? Victimisation ? Pendant près de trente ans, Exxon et d’autres ont financé nombre de campagnes climatosceptiques avec l’aide de chercheurs (et de « communicants ») dûment rétribués. Comment expliquer que les “chercheurs dits de haut niveau” n’ont à ce jour pas été en mesure de produire un modèle climatique expliquant les changements observés par des facteurs autres que les émissions anthropiques de gaz à effets de serre ?

Par ailleurs, les Etats dépensent annuellement la somme de 423 milliards de dollars pour subventionner la consommation de combustibles fossiles. Un montant quatre fois supérieur à celui qui est demandé pour aider les pays pauvres confrontés aux aléas du changement climatique à lutter contre la crise climatique (l’un des points de friction de la Conférence mondiale sur le Climat COP26).

10.  Notre société serait-elle de plus en plus manipulée par des affirmations tendancieuses quant à l’urgence climatique? Tout cela afin de combattre ce danger présenté comme absolu nommé CO2 anthropique, quitte à compromettre l’équilibre socio-économique mondial ?

Le CO2 anthropique ne serait donc pas un souci majeur ?

Quant à cet « équilibre socio-économique mondial », est-il tellement juste et solide qu’on ne puisse le modifier ? Ne nous mène-t-il pas vers une dualisation croissante de la société entre ultra-riches et miséreux ? Et quid des migrations massives liées aux dérèglements climatiques, que ce « merveilleux équilibre » rend inéluctables ? Quoi qu’on fasse, cet équilibre évoluera, et ce sera le climat qui va se charger de le bouleverser en dehors de tout contrôle si on ne tente rien.

Quant à la modification de nos modes de vie, cela suggère-t-il qu’il faille nécessairement se préparer à vivre moins bien ? Pour ne parler que du climat, produire moins de gaz à effets de serre afin de réduire la tendance à la hausse moyenne de la température est possible à condition de modifier significativement nos modes de production et de consommation, ce qui procurerait nombre d’avantages complémentaires en termes de qualité de l’eau des océans et de l’air, de santé publique, de sécurité des approvisionnements en énergie et de création d’emplois nouveaux.

Ceci dit, pour maintenir la hausse de la T° moyenne à 2 °C en 2100 (par rapport à l’ère préindustrielle), il faudrait réduire les émissions de G.E.S de 5% /an, chaque année, jusqu’en 2100. Les seuls exemples connus d’une telle réduction furent en 1932 (crise économique et financière), en 1945 (plusieurs pays anéantis) et en 2020 (Covid). Le défi qui nous attend est donc considérable. Serait-ce une raison pour se réfugier dans le déni ?

Seloin McKinsey, l’objectif “net-zéro” est un enjeu exigeant mais atteignable (McKinsey & Co, juillet 2021)

11. A méditer

W. Churchill : « Il vaut mieux prendre le changement par la main qu’attendre qu’il vous prenne par la gorge ! ».

L. Tolstoï : « Les êtres humains préfèrent souvent aller à leur perte plutôt que de changer leurs habitudes ».

A. Einstein : « Nous ne pouvons pas résoudre nos problèmes avec la même pensée que nous avons utilisée lorsque nous les avons créés ».

A. Einstein : Le monde ne sera pas détruit par ceux qui font le mal, mais par ceux qui les regardent sans rien faire.


[1] https://www.science-climat-energie.be/2020/04/17/le-co2-cest-la-vie-et-la-qualite-de-vie/

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