Fake news et climat : comment démêler le vrai du faux ?
Remise en question de l’urgence climatique, de l’activité humaine sur le climat…Si Internet a permis une avancée importante dans l’accès à l’information et dans son partage, il contribue également à l’explosion de la diffusion des fausses informations, notamment à travers les réseaux sociaux.
En France, plusieurs médias ont cependant pris conscience de ce problème et ont proposé des outils pour aider les internautes à faire le tri entre le vrai et faux. Parmi eux, Le Monde avec Décodex, l’AFP avec Factuel, ou encore Libération avec le service Checknews.
Du côté du monde anglophone, les initiatives ont également essaimé. Au-delà des médias, des outils de vérification ont été lancés par des spécialistes de l’informatique, comme Snopes, mais aussi des scientifiques, comme Climate Feedback, créé en 2018.
Une initiative scientifique
Sa spécificité ? Eplucher les informations autour du changement climatique. Signataire reconnu du réseau international de vérificateurs, International Fact-checking Network, cet outil s’appuie sur une base de climatologues venus du monde entier, comme Emmanuel Vincent, fondateur du site, et docteur en océanographie et climat de l’Université Pierre et Marie, à Paris, ou bien le professeur David Archer de l’Université de Chicago, spécialisé dans le cycle carbone.
Chaque semaine, les scientifiques sélectionnent les articles de médias qui ont été le plus partagé sur les réseaux sociaux. Ils sont ensuite analysés et commentés par les spécialistes pour corriger les erreurs éventuelles, mais également pour ajouter des éléments de contexte aux informations. Ces articles sont ensuite publiés sur leur site et partagés avec l’éditeur à l’origine de l’information, qui peut ensuite la modifier en tenant compte de ces apports. A date, 150 articles ont été passés au crible par Climate Feedback.
L’outil scientifique se concentre pour le moment uniquement sur des articles anglophones et produits par des médias traditionnels. Récemment, il a notamment analysé une liste de fausses déclarations relayées dans une publication du Washington Times, qui niait entre autres le principe d' »urgence climatique », en argumentant que les émissions supplémentaires de CO2 étaient bénéfiques pour l’environnement.
Le changement climatique parmi les premières cibles des fausses informations
L’initiative de Climate Feedback souligne l’importance de lutter contre les fausses informations liées au changement climatique, un sujet devenu de plus en plus clivant depuis qu’il s’est hissé sur le devant de la scène.
Le rôle des médias et des journalistes se révèle alors d’autant plus nécessaire, selon l’organisation Reporters d’Espoir. Dans son guide intitulé Médias et Climat, l’organisation préconise aux journalistes de ne pas uniquement relayer les informations liées aux changements climatiques, mais également de les rendre compréhensibles au grand public, de développer une approche critique face à ces informations et de mettre en avant les initiatives en faveur de la transition écologique.
La question de la régulation des géants des réseaux sociaux est aussi au coeur de ce sujet. Une étude de 2018 relayée par la revue Science a démontré que les fake news sur Twitter se diffusent 1 500 fois plus viteque de vraies informations.
En cause notamment : les algorithmes des plateformes, qui favorisent davantage les news qui provoquent des réactions émotionnelles plus intenses pour les internautes, ce qui les incite davantage à partager les informations erronées.
Dans un rapport publié en août, le think tank britannique Influencemap a révélé que Facebook n’avait pris aucune mesure pour supprimer une campagne de désinformation de la part de l’industrie pétrolière pour influencer les débats de l’élection présidentielle américaine de 2020.