Epargner et investir pour le climat
Un article de Francis Panchelli
Grands-Parents pour le Climat et épargnants pour le climat, même combat ?
Ce qui est sûr, c’est que les moyens financiers des grands-parents peuvent puissamment contribuer à lutter contre le réchauffement climatique si ces moyens s’investissent à bon escient.
Quelques chiffres pour la Belgique :
- selon Statbel, les plus de 55 ans constituent un tiers (32%) de la population
- fin juin 2020, les belges possédaient 283 milliards € en comptes d’épargne et 212 milliards en
fonds de placement ; les plus de 55 ans en disposent de la plus grosse part.
Epargne verte
Pour ce qui est de l’épargne, et dans le contexte financier actuel, l’outil quasi unique est le compte épargne. L’offre des comptes épargne à vocation verte est toutefois encore très limitée. Dans la pratique, seule la Banque Triodos, dont l’engagement pour l’environnement et l’économie solidaire est à la base de sa création il y a déjà plus de 40 ans, donne réellement les garanties d’orientation adéquate.
La nouvelle banque coopérative New B devrait bientôt pouvoir enrichir l’offre, mais cette banque
est encore en phase de lancement et pas entièrement opérationnelle.
Investissement éthique et durable
En matière d’investissement, donc sur le plus long terme, les possibilités ces dernières années sont devenues nettement plus larges avec l’apparition de fonds d’investissement dits “éthiques” ou “socialement responsables”, qui ont comme critères d’investissement le développement durable, la justice sociale et la protection de l’environnement.
Dans ce domaine, deux sigles sont incontournables : ESG pour Environnement, Social et
Gouvernance (sigle identique en anglais), et ISR pour Investissement Socialement Responsable.
L’une des principales références en matière d’investissement éthique est le fonds souverain
norvégien NBIM (Norges Bank Investment Management – un fonds souverain est un fonds créé et géré par les autorités d’un pays), dont la politique d’investissement éthique est controlée par le parlement norvégien. NBIM est le plus gros fonds souverain du monde avec un encours de plus de 1.000 milliards € (11.000 milliards de couronnes). Il publie une liste régulièrement mise à jour des entreprises exclues du fonds (secteurs de l’armement, du tabac, du charbon, entreprises coupables de violation des droits humains, …).
Pour les investisseurs lambda que nous sommes, la difficulté se situe dans les choix à opérer dans une offre de fonds éthiques devenue très large (plusieurs centaines de fonds), et surtout : comment dans cette jungle ne pas se faire piéger par le « green washing » et des fonds qui n’auraient de vert ou éthique que le nom?
Nous pouvons nous faire aider par les différents labels introduits ces dernières années. Ces labels, souvent mis en place par des autorités publiques, donnent un bon (quoique inégal) niveau de certitude sur la conformité des fonds avec les critères ISR ou ESG. Une liste des principaux labels existants est donnée ci-dessous. Une uniformisation de ces labels est en cours au niveau de l’Union Européenne par l’introduction d’un label européen, mais celui-ci ne verra sans doute pas le jour avant 2022.
Cela étant, il n’y a pas lieu de se limiter aux fonds labellisés : certains fonds non labellisés peuvent avoir une orientation éthique ou durable incontestable en raison par exemple de l’institution qui les propose – c’est notamment le cas des fonds proposés par la Banque Triodos.
On le voit : dans ces matières, il reste intéressant de se faire conseiller par un(e) professionnel(le)
avec qui on a pu établir une relation de confiance.
Points positifs pour nous investisseurs :
- l’offre des fonds éthiques de qualité s’est bien diversifiée et comprend des fonds d’actions ou
mixtes (d’un niveau de risque moins élevé), permettant donc de bien équilibrer un portefeuille - de par leur nature même, ces fonds ont tendance à présenter une volatilité moindre que celle de
fonds classiques comparables - les rendements des bons fonds éthiques (certains ont été créés il y a déjà une vingtaine d’années)
n’ont plus rien à envier aux performances des bons fonds classiques de catégories semblables
(actions ou mixtes)