Une membre des GPC a marché vers Glasgow, elle nous partage son expérience l’intérêt de cette démarche
La COP 26, bien sûr, vous en avez entendu parler. En tant que membre des Grands-parents pour le climat, cette grand-messe des chefs d’État et de gouvernement qui s’est ouverte à Glasgow n’a pas pu vous échapper. Pour moi, elle a pris une signification particulière puisque j’ai accompagné un groupe de 19 Grootouders voor het Klimaat (avec moi, nous étions 20) lors d’une marche d’Edimbourg à Glasgow.
Et lorsque j’ai parlé de mon départ à la voisine qui devait venir nourrir le chat, la Cop 26, elle ne savait pas ce que c’était…
Ma petite-fille, pas si petite que cela quand-même, elle a 19 ans, n’en avait pas non plus entendu parler… pourtant c’est pour elle que j’ai marché, pour tous mes petits-enfants, les autres aussi, pour qu’ils connaissent plus tard le bonheur d’être grands-parents dans une relative sérénité.
Parfois je me demande comment il est encore possible en 2021 de vivre sans conscience de ce qui risque de nous arriver, et quand je dis « risque » c’est tout relatif car les premières conséquences du dérèglement climatique sont déjà bien visibles.
Alors, déjà pour ça, pour ces messages que j’ai pu faire passer à l’occasion de mon départ, cela en valait la peine. Discuter autour d’un verre dans son canapé, c’est bien. Mais poser un acte fort, payer de sa personne pour montrer l’importance des enjeux a beaucoup plus de poids. Cela montre par des actes que l’on y croit. C’est ce qui m’a motivée à chausser mes bottines pour parcourir 100 kms à pied pour rejoindre la Cop 26 à Glasgow en partant d’Edimbourg, en compagnie des sympathiques Grootouders voor het Klimaat, donc stage d’immersion en néerlandais en prime !
Nous avons parcouru cette distance en quatre jours, quatre fois 25km, le long d’anciens canaux, donc dans un paysage bucolique, mais je peux vous assurer que la douche écossaise n’est pas une légende.
En chemin, nous avons rencontré d’autres marcheurs, des Suédois, des Allemands, des Néerlandais, souvent partis bien avant nous et ayant marché bien plus longtemps. Quelle belle énergie dans ces échanges qui nous connectent à une volonté commune : prendre des mesures radicales, justes et exécutives pour assurer l’avenir des générations qui nous suivent !
Le point d’orgue fut l’accueil de la délégation belge à la CoP, à la Central Station de Glasgow. Nous avons pu échanger avec Zakia Khattabi, notre ministre fédérale du climat et de l’environnement, et Peter Wittoeck, le responsable de la délégation belge, et leur faire part de nos préoccupations. Ils sont arrivés dans le même train que les jeunes de Youth for Climate, et nous avons donc également rencontré Anuna De Wever et Adélaïde Charlier, les jeunes activistes belges au nord et au sud du pays.
Aurons-nous été entendus ? Oui… mais…
Personnellement, j’espère que des mesures concrètes et engagées seront prises à Glasgow, mais je ne crois pas à des pas suffisants.
Ces kms le long de l’eau m’ont donné l’occasion de réfléchir. Voici quelques considérations qui me sont venues à l’esprit.
Ce qui est en jeu est le modèle de fonctionnement de notre société occidentale.
Il est élémentaire qu’une croissance infinie n’est pas possible sur une planète aux ressources limitées. Tant que le mythe de la croissance tiendra les rennes, nous courons à notre perte. Mais quelle est encore la marge de manœuvre des hommes et femmes politiques soumis à la pression du pouvoir économique ?
Notre modèle économique repose sur la course au profit. Faire du bénéfice est nécessaire pour une entreprise, mais lorsque toujours plus de profit devient un but en soi commencent les effets pervers. L’impact écologique n’est pas pris en compte dans la production, pas plus que l’impact humain. Combien de personnes en burn-out, en dépression, ou incapables de s’accrocher au train du marché de l’emploi qui leur en demande trop ?
Tout comme certains esprits sont formatés par des idéologies ou des religions, la publicité formate celui des citoyens qui deviennent avant tout des consommateurs. Le bonheur et le statut social passent par l’acquisition de biens de consommations nécessaires pour exister aux yeux des autres.
Plus d’éolien, des voitures électriques… cela a aussi un coût en termes d’empreinte écologique. Ce sont les modèles qui doivent changer : le modèle agricole, l’urbanisme, les modes de déplacement, la manière de s’alimenter… A quelles remises en question de notre mode de vie sommes-nous prêts ?
Le citoyen a un pouvoir qu’il sous-estime, c’est son pouvoir d’achat qui, par la loi de l’offre et de la demande, influe sur la production.
En conclusion, je dirais que chacun, pouvoir politique, économique, citoyen, doit prendre ses responsabilités et agir là où il se trouve avec ses moyens d’action. L’argent n’est pas un but en soi, il n’est qu’un moyen de satisfaire les besoins essentiels. Rendons sa juste place à une éthique qui prenne en considération les conséquences de nos choix pour nous, pour les autres et pour la planète.
Une consommation plus sobre n’est pas un retour en arrière, c’est le chemin vers un bien-être plus serein et un vivre ensemble plus harmonieux . « Moins de biens pour plus de liens ».
Martine Drouart
15 novembre 2021