« Les anomalies de température dans la basse troposphère depuis 2016 décroissent. Arrêtez donc de paniquer. » Vraiment ?

Il faut regarder les données observées sur une fenêtre bien plus large que 5 ans pour pouvoir dégager une tendance à long terme statistiquement fiable. Choisir un échantillon de données parce qu’il fait passer le message qu’on veut transmettre n’est scientifiquement pas correct, voire intellectuellement malhonnête.

En effet, le système terre-océan-atmosphère est sujet à des fluctuations naturelles qui fluctuent sur des échelles temporelles courtes (mois, année) et qui s’ajoutent aux effets à long terme (sur plusieurs années et décennies) des gaz à effet de serre (GES).

Un important modulateur de la température globale moyenne en surface et dans la basse troposphère est un phénomène océanographique appelé « El Niño » et son opposé « La Niña ». Ces phénomènes atteignent leur maximum d’intensité en hiver. El Niño a un effet réchauffant sur la température globale moyenne tandis que La Niña a un effet refroidissant.

Sur le graphique, on voit très nettement l’effet réchauffant du puissant El Niño de 2015-2016. C’est à la contribution de cet El Niño, ajoutée à celle des GES, que 2016 doit sa médaille d’or sur le podium des années les plus chaudes. Par contre, les températures plus basses observées en 2016-2017 et 2017-2018 ont été observées durant une période où La Niña prédominait. La remontée des températures entre fin 2018 et début 2020 est associée à une reprise de El Niño durant cette période. Depuis 2020, nous sommes retombés en régime La Niña, ce qui s’illustre par une retombée des températures. 

En conclusion : la pente de la ligne verte sur le graphe (tendance) est trompeuse car déterminée surtout par quelques fluctuations naturelles qu’il faut filtrer pour mettre en évidence le changement dû aux GES. Pour avoir une idée de la tendance à long terme, il faut un échantillon beaucoup plus large et enlever le « bruit » des fluctuations naturelles. Le graphique ci-dessous parle pour lui-même. 

Merci à Pascal Mailier (un scientifique au service des prévisions à l’Institut royal météorologique) qui nous a fourni cette explication.

En utilisant exactement la même base de données mais sur une durée plus longue, voici ce qu’on observe :

Source :  University of Alabama at Huntsville (UAH), relayé par https://woodfortrees.org/

La troposphère est la couche de l’atmosphère terrestre comprise entre la surface du globe et la stratosphère.

 

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