Projet Plan Air Climat Energie Wallon

L’avis des Grands-Parents

Mesdames, Messieurs les Ministres du Gouvernement wallon,

Les Grands-Parents pour le Climat souhaitent par la présente vous faire part de leur avis sur le projet de PACE que vous avez approuvé en première lecture en décembre dernier. Les délais de la consultation ne nous permettent pas d’entrer dans le détail des mesures proposées, et de toutes façons, n’étant pas des experts, nous souhaitons vous apporter un point de vue de « grands-parents » soucieux de réduire leur empreinte écologique et leur consommation d’énergie pour laisser aux générations futures une terre vivante où on peut vivre.

En tant que Grands-Parents pour le Climat (GPC),

  • Nous soutenons ce plan, en reconnaissant qu’il est très complet dans les limites des compétences du Ministre Henry.

  • Nous encourageons toutes les synergies possibles lorsque des compétences ou mesures sont partagées avec d’autres Ministres : c’est le cas en matière d’aménagement du territoire (habitats groupés de préférence aux 4 façades, habitats alternatifs, …), de mobilité dans les campagnes autant qu’en ville (celle des aînés est particulière et hétérogène : l’accessibilité financière ne suffit pas à rencontrer leurs besoins spécifiques) ou d’agriculture, donc d’alimentation et de biodiversité.
  • Nous insistons sur le soutien et l’accompagnement ciblés à accorder aux groupes et personnes à revenus modestes et précarisés.


Plus généralement, nous exigeons la fin de toute forme de subsides aux énergies fossiles et une fiscalité « juste » selon les revenus. Fiscalité qui, dans le même temps, doit encourager les comportements et dépenses de nature à réduire les gaz à effet de serre et le dérèglement climatique.

Nous regrettons le refus d’adopter la mesure simple et efficace de la limitation de la vitesse sur autoroutes à 100 kms/h.

Nous sommes indignés par la contradiction que représente l’extension de l’aéroport de Liège, qui décrédibilise, par ses impacts toxiques sur le climat, les efforts imposés à la population dans ce projet de PACE.  

Mais dans l’urgence, notre avis se concentre sur l’habitat et en particulier sa rénovation.
 
Il comporte trois volets : les obligations, leur financement et l’accompagnement, donc l’acceptabilité.

  1. Obligation normative


Nous soutenons le caractère obligatoire des mesures prévues pour améliorer l’efficacité énergétique de nos logements. Certains délais (comme l’obligation d’avoir un PEB seulement en 2028) nous paraissent même trop longs.

Nous approuvons la stratégie qui accorde la priorité au volet rénovation, en prévoyant des concepts intéressants (passeport bâtiment, feuille de route des travaux nécessaires, caractérisation Zen ou Zen ready, …).

Le secteur de la rénovation doit se développer pour pouvoir répondre à la demande future ; c’est un gisement d’emplois formidable car peu délocalisable ; mais cela nécessite un investissement dans la formation qui reste insuffisant et de donner à ces métiers une attractivité plus forte par des rémunérations et des conditions de travail adaptées.

Car nous nous inquiétons de savoir comment la qualité et l’efficacité des travaux réalisés seront garanties. Les seniors sont parfois démunis face aux devis des entreprises et l’autorité publique (communale ou régionale) devrait pouvoir apporter des conseils indépendants pour que les travaux soient réalisés dans la confiance et aussi dans les délais prévus.

Le respect de certaines obligations posera des problèmes spécifiques aux copropriétés : le processus décisionnel devrait y être accompagné réglementairement, afin de ne pas être entravé par un / une minorité de copropriétaires.

Le remplacement des chaudières à mazout n’est pas évident dans les quartiers non raccordés au gaz. Plutôt que de développer le réseau de gaz, il y a lieu d’encourager les partages et communautés d’énergie renouvelable. Un exemple concret : un quartier non raccordé au gaz naturel devrait être considéré prioritaire pour bénéficier de l’installation d’un réseau d’énergies renouvelables, quitte à en exclure de toute prime l’installation d’autres procédés.

Nous, les aînés, vivant seul ou à deux, par besoin économique et par choix écologique, souhaitons souvent trouver des petits logements dans des quartiers où les services sont accessibles. Nous souhaitons aussi parfois partager nos logements familiaux avec des plus jeunes, ou avec d’autres adultes, en cohabitation ou colocation.  Tout bénéfice pour les consommations d’énergie et la solidarité.
Que ce soit dans le PACE ou dans le CoDT, le Gouvernement pourrait-il prendre des mesures incitatives favorisant ce type de choix ou du moins ne le pénalisant pas (la cohabitation modifie le statut des allocataires sociaux) ? 
A défaut d’en avoir la compétence, il devrait interagir avec le niveau fédéral pour que ce résultat soit atteint.

2. Financement

Les financements disponibles et prévisibles ne sont pas développés, mais des primes d’un montant proportionnel aux travaux et aux revenus sont prévues.

L’octroi de ces primes et des prêts doit être ciblé. S’il est généralisé, il sert d’aubaine aux nantis et devient inaccessible aux groupes de revenus moyens ou précaires.

Nous soutenons les prêts à taux zéro et encourageons l’analyse des prêts « à la pierre ».

En tant que GPC, nous sommes conscients mais nous alertons sur le fait qu’investir nos économies pour contribuer à ce plan sera rentable essentiellement à moyen ou long terme ; mais qu’à défaut de pouvoir le faire, cela diminuera la valeur des biens immobiliers de notre patrimoine personnel (lorsqu’il existe !).

3. L’acceptabilité


Assurer l’acceptabilité des mesures est un objectif majeur, qui ne peut se dissoudre dans celui de satisfaire les groupes et personnes qui sont les mieux représentés, au détriment des « sans voix ».
Pour ne parler que des aînés : ce sont souvent des femmes seules, au patrimoine incertain et aux montants de retraite peu élevés.

Les aînés, comme les publics précarisés, ont besoin d’un accompagnement humain pour être convaincus de procéder à ces travaux de rénovation.

Répondre aux obligations va exiger la disponibilité de personnels dans les services publics, en nombre insuffisant à ce jour.

Informer, expliquer l’intérêt financier et sanitaire d’une rénovation, rassurer sur l’accessibilité des budgets nécessaires, conseiller sur les choix de techniques et de matériaux, … : c’est tout un travail de proximité à organiser par les Communes. 

Et enfin, nous considérons qu’il est indispensable qu’une autorité indépendante assure un contrôle aléatoire de l’exécution des travaux subsidiés. L’attestation par facture ne nous semble pas suffisante.

La Région, en soutien à la bonne exécution de son PACE, se doit d’apporter une aide significative aux Communes pour assurer ces services nouveaux supplémentaires à la population : le niveau communal est le plus approprié pour être accessible et offrir le contact utile à ces publics.

Cécile Fontaine                                                     Thérèse Snoy

Membre du CA                                                      Présidente

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